À l’heure où des robots sont capables de faire des sauts périlleux et de ranger le lave-vaisselle, as-tu seulement conscience de l’antique histoire de ces créatures artificielles ? Avec la manie créatrice qu’on lui connaît, l’humain voulut toujours mettre la raclée (mais pas trop fort) à ses dieux démiurges et finit par y parvenir avec brio. 

Nota bene 1 : ce premier article aura pour sujet les automates à forme humaine ou animale. Deux autres articles sont consacrés aux horloges à automates et aux automates d’oiseaux chanteurs

Nota bene 2 : cet article est long (comme la plupart de mes articles j’en conviens). Si ta capacité de concentration est égale ou inférieure à celle d’une perruche, tu peux aisément lire cet article en plusieurs fois jusqu’à être capable de répondre avec bravoure au quiz ardu qui ne fait absolument rien gagner (à part mon estime mais seulement si tes résultats sont excellents).

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"Vespa" by Anthony Lent & Acme Clockworks

Antiques automates

Le mouvement seul permet de différencier la vie de l’inerte. Dès lors, comment faire naître de la matière inerte l’illusion de la vie ? La copier le plus fidèlement possible comme le font le sculpteur et le peintre ? Ce fut la réponse primitive à un besoin de création qu’on aurait pu penser à l’aube de son génie avant que notre espèce moderne n’explorasse finalement les confins de la vacuité en développant la perche à selfie.

Cette question du mouvement était déjà familière, semble-t-il, aux hommes préhistoriques. De nombreux préhistoriens ont habilement remarqué que les dessins tracés dans les grottes utilisaient les aspérités des parois pour – probablement – renforcer l’illusion de vie. À la lumière vacillante d’une torche, sur un renflement ou une brèche, un animal peint s’anime d’ombres, créant l’illusion du mouvement ; de la vie donc.

Les prémices de cette tentative d’animation (du latin animatio et de anima « souffle vital, âme ») évoluèrent doucement avec une première avancée significative grâce aux statues égyptiennes dites « vivantes ». Le plus souvent il s’agissait de masques en bois, sculptés au l’image d’un Dieu, et articulés par un mécanisme sommaire permettant de faire bouger les mâchoires. L’illusion de la parole était complète lorsqu’un prêtre revêtu du masque s’exprimait en actionnant la mâchoire de la sculpture. Dans tous ces dispositifs, l’élément clef différenciant l’œuvre d’art de la possible créature vivante est le mouvement. Un de ces masques, antique ancêtre des automates, est exposé au musée de Louvre à Paris.

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Masque (?) de chien, représentant Anubis ou Qebehsenouf, à mâchoire mobile © RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

La mythologie grecque n’eut rien à envier à l’égyptienne en matière d’imagination débridée, usant tout   autant d’une myriade de créatures mi-ours mi-scorpion et re mi-ours derrière. Elle est aussi celle qui met en lumière les automates, machineries nie, ficelées dont ses récits regorgent. Son dieu forgeron Héphaïstos, aussi talentueux qu’il était cocu, réalisa par exemple pour son propre service deux servantes dont Homère nous offrit la description :

Bien qu’elles soient en or, on les prendrait vraiment pour des filles vivantes. La raison les habite ; elles ont voix et force ; les Immortels leur ont appris à travailler. Pour soutenir leur maître elles vont et s’affairent. Homère, Iliade, XVIII, 417-421, dans Iliade-Odyssée, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1955, p. 423.

Pour Zeus, Héphaïstos automatisa les portes olympiennes (comme chez Leclerc). Pour Alcinoos (dans l’Odyssée, le chef des Phéaciens et la père de Nausicaa), il conçut deux chiens de garde d’or et d’argent et pour le roi Minos un robot géant baptisé Talos chargé de surveiller la Crète dont il faisait le tour trois fois par jour, balançant de la caillasse sur tous les navires belliqueux. Toujours, nous parlons de mouvement. Seul le mortel Dédale sembla égaler Héphaïstos par ses talents d’inventeur et de forgeron.

La réalité historique prouve que la culture antique ne fut pas seulement inventive dans ses récits mythologiques. Comme dans ses mythes, les automates antiques répondaient essentiellement à trois fonctions : l’utilité, la démonstration et l’étonnement. 

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Cratère à figures rouges figurant la mort de Talos, fin du Ve siècle avant notre ère © Ruvo, Museo Jatta

Le plus remarquable foyer d’ingéniosité fut sans conteste la ville d’Alexandrie entre le IVe siècle avant notre ère et le Ier siècle de notre ère. Comme l’escomptait Ptolémée Ier (368 – 283), la construction du musée et de la célèbre bibliothèque attira dans la ville égyptienne des savants spécialistes de toutes sortes de domaines, trouvant à Alexandrie un cadre propice à leurs recherches. Dès lors, les progrès des sciences dures furent spectaculaires à l’instar de la présentation du premier iPhone pour un inconditionnel du fax.

Pour mieux comprendre le monde et les forces de la nature, les scientifiques et ingénieurs antiques s’évertuèrent à créer des mécanismes capables d’imiter ces phénomènes. Ainsi naquirent nombre de machines (dont je ne parlerai pas) et d’automates (dont je parlerai). Les plus anciens automates alexandrins sont attribués à Ctésibios (IIIe siècle avant notre ère) mais dont l’œuvre est perdue. Fort heureusement, ce vieux Philon de Byzance (280 – 220) pompa généreusement dans les écrits de son prédécesseur lors de la rédaction de son ouvrage Pneumatiques. Titre et écrits furent repris par Héron d’Alexandrie (qui n’a rien à voir avec l’oiseau) qui ajouta à sa production écrite et scientifique un Automates. On louera la délicatesse de Héron qui rendit ses explications de manière parfaitement compréhensible, nous permettant aujourd’hui (quand je dis nous, je ne m’inclus pas) de reconstruire assez facilement ces mécaniques complexes. Beaucoup sont utilitaires, d’autres servent à démontrer et à comprendre une force naturelle et quelques-unes étonnent et divertissent.

On trouve de ces automates dans les deux ouvrages de Héron ce qui m’amène naturellement à t’expliquer la différence fondamentale entre Pneumatiques et Automates. Elle est très simple : les pneumatiques sont des systèmes fonctionnant avec l’air et l’eau tandis que les automates répondent à un système de contrepoids. On peut bien évidemment coupler les deux systèmes et faire, par exemple, de l’eau un contrepoids. 

L'utilisation de l'eau comme contrepoids préside au fonctionnement d'un des plus célèbres automates de l’Antiquité, l'automate des oiseaux siffleurs et de la chouette acariâtre. Le mécanisme est assez simple, raison pour laquelle je m’en vais te l’expliquer, ce que je ne ferai pas pour tous les automates que j’évoquerai dans cet article. Prends-toi un peu en main. 

Héron d’Alexandrie, Pneumatica 1,16 : dessin technique d’un appareil hydraulique à chants d’oiseaux artificiels, Manuscrit de Venise, Biblioteca Marciana, Gr. 516, suiv. 172v. Ce codex du XIIIe siècle est le plus ancien texte connu du Pneumatica de Heron d’Alexandrie.

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Prenons une petite sculpture d’un oiseau en bois ou en bronze dans laquelle est dissimulé un tuyau allant du bec aux pattes, pattes qui reposent sur un support lui-même presque entièrement immergé dans un bassin d’eau courante.

Dans l’eau, le tuyau est recourbé en direction de la surface. L’air dans le tuyau est chassé par la pression d’un liquide (l’eau vive du bassin) et remonte dans le tuyau en émettant dans le bec du volatile un sifflement évoquant le chant d’un oiseau. C’est à peu près le même principe qui régit les sifflets à forme d’oiseaux qu’il suffit de remplir d’eau avant d’y appliquer une expiration franche mais néanmoins contenue afin de réjouir son âme d’un doux gazouillis d’oiseau et faire regretter ta naissance à tes parents. En variant le diamètre et la longueur du tuyau ainsi que le diamètre de son ouverture dans le bec, il était possible de reproduire le chant de différents oiseaux.

L’eau s’écoulant dans le piédestal était en partie recueillie dans un vase qui, une fois rempli, agissait comme contrepoids. Une fois plein, le vase basculait actionnant un mécanisme qui faisait se retourner une chouette vers les oiseaux qui, stupéfaits, cessaient immédiatement de chanter. Le vase basculait à nouveau après s’être vidé de son eau et revenait en position initiale : la chouette tournait à nouveau le dos aux oiseaux qui reprenaient leurs gazouillis.

Cet automate créé par Philon de Byzance puis repris par Héron d’Alexandrie fut restitué par le chercheur et ingénieur grec Konstantinos Kotsanas (né en 1963) dont la vidéo permet de mieux comprendre le fonctionnement de cet automate : 

Héron d’Alexandrie passa maître dans la création de ces pneumatiques et automates qui démontraient les découvertes de son temps en matière de mathématiques, de géométrie, de mécanique et de physique par des applications concrètes. Ces objets jouaient le rôle de supports pédagogiques bien plus fascinants que l’horloge à pile des cours de technologie du collège où la laideur criarde le disputait à l’abyssal ennui.

On crédite à Héron de nombreuses inventions comme des statuettes d’animaux mécaniques capables de boire de l’eau dans une coupelle, des trompettes sonnant sans intervention humaine ou même des objets se déplaçant lorsqu’on allumait un feu (mécanisme qui fit fureur dans les temples ou théâtralité et manifestation divine faisaient bon ménage). Ses automates les plus spectaculaires furent ceux présentés lors d’une procession royale de Ptolémée II. Des statues automates de Bacchus et de sa nourrice, chacun mesurant plus de 4 mètres de hauteur, étaient disposées sur un char roulant. Par un mécanisme utilisant la combustion et le mouvement des roues des chars, les statues assises se levaient soudain, effectuaient une libation et des bacchantes dansaient. Malgré le merveilleux de ces inventions, je préfère m’attarder sur un monument entré dans l’imaginaire collectif et dont peu de gens – dont tu ne seras bientôt plus, chanceux que tu es – savent qu’il fut équipé d’automates mi-hommes ni animaux (mais pas re mi-hommes derrière) : le phare d’Alexandrie. 

Construit au IIIe siècle avant notre ère, le phare d’Alexandrie devint rapidement un emblème de la ville bien avant de devenir celui de Claude François et se trouva représenté sur de nombreux artefacts, dont des monnaies. À partir du Ier siècle de notre ère, l’image du phare s’enrichit et on vit apparaître quatre tritons soufflant dans une conque, chacun placé à un angle du premier étage.

L’effervescence scientifique alexandrine fut l’instigatrice de l’installation de ces Tritons. La créature ne fut pas choisie au hasard. Cet être mythologique mi-homme mi-poisson était alors considéré comme une divinité protectrice des marins. Déjà lors de l’expédition mythologique des Argonautes, Triton guida vers la Méditerranée les marins égarés. Il découvrit la conque dans les fonds marins et s’en servit immédiatement comme d’un instrument sonore.

Cette utilisation n’était pas inédite dans la réalité historique. Il semble déjà qu’au néolithique les hommes d’Italie utilisaient ce coquillage à la manière d’une trompette. On en retrouva deux à Pompéi et Boscoreale dont l’usage sonore ne fait aucun doute. Encore au XIXe et XXe siècle, les pêcheurs siciliens s’en servaient encore comme d’une corne de brume. L’usage ancestral de la conque comme aide à la navigation semble précisément s’incarner dans les quatre Tritons, certainement en bronze, placés aux angles du phare égyptien. 

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Le phare sur les monnaies frappées à Alexandrie au IIe siècle (au revers d’une pièce d'Antonin Pie, et revers d'une pièce de Commode).

Fonctionnant probablement grâce à de la vapeur d’eau sous pression (le même principe qu’une bouilloire ancienne qui siffle lorsque l’eau bout), « le système était tout à fait réalisable, puisque le phare possédait de nombreuses salles, où l’on pouvait entreposer le combustible nécessaire aux foyers » (In De l’océan au phare d’Alexandrie: la conque de Triton. Voir bibliographie).

Associés au feu du phare, les Tritons enrichissaient la signalétique portuaire d’une Alexandrie à la pointe de la technologie. Plusieurs témoignages de voyageurs arabes confirment le rôle des Tritons automates dans l’orientation des navigateurs. Il semble également que les sons émis correspondaient à un signal particulier, une prouesse rendue possible en réglant la pression de la vapeur et son débit de sortie dans chacun des quatre Tritons :

Quand un ennemi s’approchait à la distance d’un mille, on entendait un cri formidable avertissant toute la ville ; un autre émettait un son agréable pour indiquer les heures passées de la nuit. Dimaschqi, Manuel de la cosmographie du Moyen-Âge, op.cit., p.36. 

Héron d’Alexandrie ayant justement conçu un automate de Triton siffleur basé sur les mêmes principes techniques, aurait-il participer à la conception des automates spectaculaires du phare d’Alexandrie ? C’est possible. Ces Tritons automates insufflaient vie au mythe antique. Ils témoignaient également de la puissance de l’Homme à reproduire a minima la réalité d’une croyance, au mieux, les divinités. C’est de cette constatation, tu t’en doutes, que la religion tapera bientôt rageusement de la Bible ou de la Torah (et plus tard du Coran) sur la table. 

L'Inquiétant Symbolisme des Automates

Pourquoi diable les automates androïdes sont-il si rares jusqu’au XVIIIe siècle ? Probablement par peur d’entrer en compétition avec le ou les dieux sur leur propre terrain. Une partie perdue d’avance comme le répètent inlassablement quasiment tout les mythes occidentaux (excepté celui de Galatée et Pygmalion) impliquant un être humain souhaitant donner vie à l’inerte. Du Golem à Terminator, le talent démiurgique de l’humain est sévèrement puni lorsque ce dernier outrepasse son statut de mortel.

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Un robot aussi abouti que le nom de son acteur est difficile à épeler. Arnold Schwarzenegger dans Terminator 1 sorti en 1984.

Toujours le récit met en scène un artisan ou un savant qui par une technologie qu’il a développée façonne une forme humaine artificielle à laquelle un principe supérieur va donner vie. S’en suit la perte de contrôle de la créature par son créateur (coucou Frankenstein). En point commun à ces récits, nous retrouvons l’idée que le mouvement qui est synonyme de vie l’est aussi de la liberté. La liberté de mouvement étant le prélude à la liberté de l’esprit.

Or pour les religions, la liberté de mouvement est uniquement accordée par le ou les dieux, raison pour laquelle la créature se retourne contre son créateur qui n’est pas une divinité. La punition des mythes fonctionne comme un avertissement : prétendre être capable de créer le mouvement et donc la vie est dangereux. L’ironie viendra au XVIIIe siècle lorsque la créature humaine se rebellera contre son créateur divin dans un mise en abymes admirable.

La crainte de courroucer les divinités en les concurrençant sur leur propre terrain séduisit naturellement les religions monothéistes au point qu’elle prit la forme d’une interdiction inscrite dans le Décalogue (les Dix Commandements). Cet interdit de représenter et surtout d’animer une image fabriquée par l’Homme marqua négativement et pour longtemps les créatures artificielles.  

Aujourd’hui encore beaucoup de gens craignent une robotisation convoitant les emplois et s’emparant du pouvoir dans le seul but d’asservir l’humanité en l’esclavage. Or l’humain n’a pas attendu les machines pour réduire ses congénères en esclavage. Il est par essence bien pire que ces automates puisqu’il en est l’auteur. Qui d’autre que lui conçoit ces systèmes autonomes ? Ce manque de recul serait cocasse si il n’était pas consternant.

Entre la fin de l’Antiquité et le XIIIe siècle, les automates développés durant l’antiquités furent, semble-t-il, oubliés de l’Europe médiévale. Dans le même temps, le monde arabe s’emparait au contraire de ces technologies et prenait une avance considérable dans ces domaines, en particulier dans celui des horloges à automates.

Sans doute le paradoxe t’interroges : l’Europe occidentale aurait rejeté avec effroi les technologies antiques capables d’animer des sculptures tout en développant avec maestria la peinture et la sculpture religieuse (#hypocrisie) tandis que le monde arabo-musulman aurait fait fi de l’interdit coranique à l’encontre des représentations figuratives ? Il n’en est rien.

Les textes sacrés peuvent être interprétés à loisir et on peut presque tout faire dire à un livre religieux. Comme ses deux cousines monothéistes, l’Islam craignait tout autant l’idolâtrie cependant l’interdiction de figuration pouvait être interprétée de différentes manières et ne s’appliquait pas toujours aux technologies antiques. Ainsi, l’Empire byzantin puisa dans les sciences techniques grecques et romaines tandis que les Arabes s’inspirèrent des techniques venues de Grèce et de Perse.

À Byzance, le Trône dit de Salomon construit en 835 par Léon le Philosophe (mort en 869) était orné de griffons et de lions d’or et d’argent qui s’animaient en rugissant. Près du trône, un arbre en métaux précieux portait sur ses branches des oiseaux pépillant joliment et fonctionnant certainement sur le même principe que ceux de Héron d’Alexandrie. Cet automate rencontra un tel succès qu’on le retrouva dans les palais des califes. 

La dynastie musulmane abbasside (750 - 1258) versait dans la culture hellénistique ; les ingénieurs arabes y puisaient les sciences nécessaires à la conception de nouveaux automates toujours somptueusement habillés. Note le champs lexical de la flotte en rapport avec l'illustration.

Dessin du mécanisme de la fontaine au Paon d’Al-Jazari, Livre de la connaissance des procédés mécaniques, 1354. Conservé au Museum of Fine Arts Boston

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L’âge d’or des automates arabes n’allait pas à l’encontre de la pensée religieuse. Ces mécanismes d’art reproduisaient pour le calife un microcosme sur lequel il avait symboliquement tout pouvoirs. La Création toute entière obéissait ainsi à sa main dans une affirmation théâtrale de son pouvoir théocratique sous les yeux naïfs et émerveillés de ses sujets.

L’inventeur et ingénieur mécanique Al-Jazari (XIIe – début du XIIIe siècle) fut l’un des plus talentueux créateurs d’automates. Il créa notamment des horloges à automates ou cet automate au Paon qui permettait de se laver les mains grâce au raffinement inouï de son fonctionnement. À mesure que le bassin se remplissait d’eau, un flotteur montait et actionnait un mécanisme faisant apparaître la figure d’un serviteur offrant du savon ! Le génial Al-Jazari inventa également de petits androïdes qui, non contents de servir les convives, les divertissaient aussi à table. Son traité fut rapidement connu en Occident tandis que la prise de Constantinople donna à l’Europe occidentale une meilleure connaissance des technologies orientales. 

Ces rares automates androïdes ou à forme d’animaux intriguèrent autant qu’ils inquiétèrent le Moyen-Âge occidental. Avec raison, ces machines étaient le plus souvent associées à l’Orient. Pourtant, les puissances occidentales prirent bientôt la mesure de l’intérêt de ces technologies. Les premiers automates apparurent ainsi en Occident au XIIIe siècle. En France à la même époque, Philippe le Bon duc de Bourgogne (1396 – 1467) disposa plusieurs automates dans le jardin de son château d’Hesdin.

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Illustration issue du livre d’Albert de ROCHAS, Les Pneumatiques de Héron d’Alexandrie et Philon de Byzance, G. Masson éditeur, Paris, 1882

Certains de ces mécanismes étaient conçus pour surprendre le visiteur, en l’aspergeant d’eau par exemple, mais on retrouve surtout dans ce jardin nos oiseaux siffleurs antiques. Le succès de ces créations gazouillantes ne se démentira pas jusqu’au XIXe siècle, raison pour laquelle un article leur est également dédié.

Malgré le charme de ces délicieuses attractions, mêmes ces inoffensifs automates étaient considérés avec méfiance, comme aujourd’hui les légumes qui ne sont pas bio. Étant l’objet d’une curiosité technique, les automates suscitèrent sans surprise l’intérêt de Léonard de Vinci qui s’y s’essaya. À la demande du Pape Léon X, il conçut un lion mécanique capable de marcher sur quelques mètres. L’animal fut présenté devant le roi François Ier, vers lequel le fauve s’avança pour déverser à ses pieds une brassée de fleurs de lys. Malheureusement, l’original a disparu mais une reconstitution fut présentée en 2019 à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de l’ingénieur italien.

Il faudra encore attendre le XVIIIe siècle pour que les automates androïdes et à forme animale soient enfin l’objet de toutes les passions curieuses et mondaines aussi bien qu’un outil précieux à l’étude et à la compréhension des sciences. 

L'Âge d'Or des Automates

Le siècle des Lumières s’enthousiasma ardemment pour les automates. Au XVIIIe siècle, la société européenne encourageait l’essor des sciences techniques et de la médecine. Savoirs spécifiques, arts et sciences convergèrent alors vers la création d’automates qui devaient permettre de mieux comprendre les mécanismes de la nature au bénéfice du bien-être humain. Les techniques de précision qui régissaient jusqu’ici l’horlogerie furent le préambule à l’essor de la mécanique. Les philosophes et intellectuels s’emparèrent de la mécanisation comme support à leur réflexions.  Déjà au siècle précédent, les écrits de Descartes (1596 – 1650) ralliaient la pensée mécaniste connue depuis l’antiquité. Le philosophe alla même jusqu’à développer l’idée d’animal-machine  – qui n’était pas un pressentiment de l’avènement des Tamagotshi mais un principe considérant les animaux comme des assemblages de pièces et rouages, sans conscience ni pensée. Descartes n’était donc pas vegan. 

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Un automate que Descartes n'aurait eu aucun scrupule à dévorer avec un peu de mayo. Automate à forme d’écrevisse attribué à Hans Schlottheim, circa 1590 © MET Museum

Ces mécanismes et automates questionnaient avec une virulence inédite la vision archaïque et chrétienne d’une flopée de créatures disposées sur Terre par un Dieu dont le rôle serait comparable à celui d’un enseignant en école maternelle : punir les méchants et récompenser les gentils avec une double ration d’hostie. La compréhension de plus en plus scientifique et empirique du fonctionnement des êtres vivants amena au sacre de la pensée mécaniste, pensée qui envisageait désormais la possibilité d’un « monde machine » dirigé par les seuls lois de la physique.

L’interdit de création d’êtres artificiels s’effondrait peu à peu. Puisque la création de mouvements autonomes était dorénavant la preuve attestant de la compréhension de la vie et du monde, l’interdit religieux perdait de son sens et libérait un peu l’homme du carcan de la religion, laissant place à l’avènement de la liberté (encore fébrile) de penser hors du dogme. 

Ce siècle scientifique et mécaniste s’incarna en la personne de Jacques Vaucanson (1709 – 1782), mécanicien de génie et inventeur d’automates spectaculaires. Originaire de Grenoble, il fit carrière à Paris. Esprit brillant de son siècle, il s’intéressa à toutes les sciences de son époque : médecine, chirurgie, musique ou philosophie ; tout fut pour lui sujet d’étude. Bien sûr, il n’était pas le seul galvanisé par l’effervescence intellectuelle, scientifique et mécanique du XVIIIe siècle. Néanmoins, Vaucanson demeure un des plus fascinants ingénieurs des siècles passés et j’entends te donner un aperçu de tout son talent.

Au côté du chirurgien Claude-Nicolas Le Cat (1700 – 1768), il fut d’abord créateur d’anatomies mouvantes (des automates reproduisant mécaniquement des fonctions naturelles d’animaux, mécanismes qui réjouissaient alors les Salons,) avant d’entreprendre en 1733 la construction d’un Canard et d’un Joueur de tambourin et de galoubet. Puisqu’il faut choisir, je vais m’attarder sur ce Canard qui émerveilla la cour puis Paris lorsqu’il fut présenté. 

Sûrement l’automate le plus sophistiqué de Jacques Vaucanson, le Canard illustre parfaitement l’engouement du siècle des Lumières pour la compréhension des sciences naturelles comme ici le mécanisme de digestion.

Photographie du possible canard automate de Vaucanson avant qu’il ne brûle dans un incendie. Plus certainement, il s’agit de la photographie d’une des nombreuses copies du célèbre canard. Collection du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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L’ingénieur laissa volontairement apparent les systèmes mécaniques, ce choix esthétique était alors significatif. Vaucanson se présentait ainsi comme un scientifique utilisant de manière pédagogique les technologies de son temps afin d’expliquer et de démontrer. Non de divertir. Il luttait courageusement contre le statut d’amuseur public ou d’illusionniste dont l’unique but était de divertir et pour qui les subterfuges était le sel du métier. Il décrit son volatile automate en ces termes :

Le jeu de toutes les parties nécessaires à ces actions y est exactement imité : il allonge son cou pour aller prendre le grain dans la main, il l’avale, le digère et le rend par les voies ordinaires, tout digéré ; tous les gestes d’un canard qui avale avec précipitation et qui redouble de vitesse dans le mouvement de son gosier, pour faire passer son manger jusque dans l’estomac, y sont copiés d’après nature ; l’aliment y est digéré comme dans les vrais animaux, par dissolution, et non par trituration, comme le prétendent plusieurs physiciens ; mais c’est ce que je me réserve à traiter et à faire voir dans l’occasion. La matière digérée dans l’estomac est conduite dans les tuyaux, comme dans l’animal par ses boyaux, jusqu’à l’anus, où il y a un sphincter qui en permet la sortie. […] J’oubliais de vous dire que l’animal boit, barbotte dans l’eau, croasse comme le canard naturel. Enfin, j’ai tâché de lui faire tous les gestes d’après ceux de l’animal vivant, que j’ai considéré avec attention.

Et véritablement, la bestiole rencontra un succès européen, succès qui rejaillit naturellement sur son créateur dont Voltaire disait : 

Le hardi Vaucanson, rival de Prométhée
Semblait, de la nature imitant les ressorts,
Prendre le feu des cieux pour animer les corps.

Une dédicace dont on ne mesure plus la portée à l’heure des réseaux sociaux mais qui vaut son pesant de Ladurée. L’autre prouesse de Vaucanson, bientôt imitée par de talentueux horlogers, fut celle du Joueur de flûte. Présenté en 1738, il eut pour raison d’être l’étude de la respiration. Proche des musiciens de son temps par l’entremise du mécène Alexandre-Jean-Joseph Le Riche de la Popelinière (1693 – 1762) – un nom qui n’aide en rien à raccourcir la longueur de mes articles – Vaucanson put recueillir les avis et conseils de ses contemporains mélomanes pour la création de ses automates musiciens. Car le Joueur de flûte joua véritablement de la flûte : de ses doigts il bouchait les trous pour fixer les notes et un système ingénieux lui permettait de moduler l’afflux d’air envoyé dans la bouche grâce au mouvement de ses lèvres et de sa langue. Ce ne fut pas le seul automate musicien du mécanicien, mais celui-ci amena à de nouvelles connaissances que des dissections salissantes n’auraient pas permises.

À sa suite, les horlogers créateurs d’automates (les automatiers comme on les nomme en Suisse) préfèreront les instruments à cordes frappées pour s’épargner les complications techniques sans avoir recours à une boîte à musique de feignasse incluse dans le mécanisme.

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La joueuse de Tympanon, automate de Pierre Kintzing pour Marie-Antoinette © Zikinf

Ainsi en est-il de la célèbre Joueuse de Tympanon créée en 1784 par l’horloger allemand Pierre Kintzing (1746 – 1816) pour la reine Marie-Antoinette qui, dit-on, aurait donné une mèche de ses cheveux pour coiffer l’élégante automate. Son habit fut quant à lui réalisé dans le tissu d’une des robes de la souveraine. L’automate aujourd’hui conservé au Conservatoire des Arts et Métiers de  Paris, est capable de jouer huit airs différents : 

La joueuse de tympanon © MET Museum

Après Vaucanson, les Jaquet-Droz devinrent les chantres de l’horlogerie appliquée aux automates. Dans la famille, nous comptons Pierre (1721 – 1790), son fils Henri-Louis (1752 – 1791) et Jean-Frédéric Leschot (1746 – 1824), fils adoptif de Pierre. Leur premier atelier se trouvait à La-Chaux-de-Fonds en Suisse, bourgade aujourd’hui devenue capitale internationale de l’horlogerie.

Le Dessinateur, la Musicienne et l’Écrivain furent trois automates de haute technicité qui marquèrent les esprits. L’Écrivain était d’une bien plus grande complexité que les deux autres pour un résultat si remarquable qu’il sembla avoir éveillé jusqu’à la jalousie – à peine contenue – de Vaucanson. La vidéo ci-dessous permet de voir l’Écrivain en action. Les pédiophobes (ils se reconnaîtront) me sauront gré de ne pas accoler au texte les photographies de ces machines infernales. 

Ces automates du XVIIIe siècle ne furent pas, tu le pressens, accessibles aux pécores. Les technologies qui donnaient vie aux plus incroyables d’entre eux nécessitaient des connaissances approfondies en mécanique, horlogerie et physique, de nombreuses heures de travail ainsi que des matériaux fort coûteux. Les horloges à automates étaient d’ailleurs devenues depuis le Moyen-Âge des cadeaux diplomatiques prisés pour leur haute technicité et leur prix exorbitant. Rien ne changea au XVIIIe siècle. Il fallut véritablement attendre le XIXe siècle pour que les technologies se démocratisent doucement permettant la création d’automates appréciés des colporteurs et qui furent affublés du doux nom de « catin » dont je te laisse en penser ce que tu veux selon ta capacité à remettre tout cela dans le contexte historique. 

Les Bases du Fonctionnement des Automates 

Avant de te faire découvrir les plus beaux spécimens d’automates du XVIIIe siècle, il est indispensable que tu apprécies toute la complexité de ces systèmes en en comprenant les mécanismes élémentaires. Je ne prétends pas ici t’initier à ces arts éminemment savants et délicats que sont l’horlogerie et la mécanique. Mais si j’ai moi-même compris ces mécanismes de base, il n’y absolument aucune raison pour que tu ne les comprennes pas non plus. Ce sera court et moins douloureux qu’un cours de technologie au collège.

L’énergie est générée par un ressort plat, une sorte de rouleau de réglisse, qui en se détendant va produire une énergie transmise par des rouages jusqu’à une vis sans fin. Cette dernière permet de réguler la vitesse des mouvements de l’automates et d’activer un jeu de cames, des disques profilés spécialement selon l’information qu’ils doivent transmettre.

On pourrait comparer ces cames individuellement profilées à l’écriture braille. De la même manière que l’écriture braille transmet au doigt des informations par le relief, le mouvement et la forme des cames transmets une information aux soupapes qui la transmettent à leur tour à d’autres mécanismes pour aboutir finalement au mouvement de l’automate.

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Transmission des informations et de l'énergie des cames vers les soupapes.

Ces jeux de cames mettent ainsi en mouvement des barillets abritant des ressorts capables d’équilibrer les gestes des automates. Les ressorts sont dans un automate les éléments les plus délicats à régler car ils sont responsables de la fluidité des mouvements.

Le ressort plat est le cœur de l’automate et les jeux de cames sont une sorte de système de programmation, ils sont l’âme de l’automate. Évidemment, je simplifie à l’extrême. Il s’agit seulement de te donner la mesure de l’ingéniosité et de la patience nécessaires à la conception de ces mécanismes capables de transmettre – dès le Moyen-Âge et avec de plus en plus de fluidité dans les siècles suivants – les mouvements caractéristiques d’un canard ou d’un gamin (les deux ayant en commun d’avoir souvent des gestes saccadés).

Automates de Luxe

Enfin, je vais pouvoir te montrer mes automates préférés, les plus beaux, les plus vivants et les plus élégants. Aussi rares qu’ils sont précieux, ces automates sont labellisés « Un cadeau pour Marielle ».

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Cygne automate en argent de James Cox conservé au Bowes Museum, Angleterre © Bowes Museum

Cet automate entièrement fait d’argent est l’œuvre du célèbre inventeur belge John Joseph Merlin (1735 – 1803) qui s’expatria en Angleterre et mit son talent au service de James Cox (1723 – 1800), joaillier et inventeur d’automates. Le choix du cygne rend-il hommage à sa Royale Majesté (Georges III à l’époque) ? Puisque tous les cygnes du royaume d’Angleterre sont considérés depuis le XIIe siècle comme les sujets du roi ou de la reine, on peut le penser.

Quoi qu’il en soit, l’implication technique de Cox dans la création des automates demeure très floue et il est difficile de savoir qui fut le véritable auteur du mécanisme du cygne. Le cygne exposé pour la première fois en 1774 repose sur un bassin de cylindres enrobés de verre droit et torsadé qui une fois mis en action reproduisent le mouvement sinueux de l’onde. 

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Détail des poissons autour du cygne automate de James Cox conservé au Bowes Museum, Angleterre © Bowes Museum

À sa surface, de petites poissons d’argent aux yeux de rubis apparaissent tandis que le cygne les observe avant d’en pêcher un. Le malheureux poisson est en réalité déjà dans le bec du volatile mais le mécanisme ne le fait apparaître qu’une fois la pêche réalisée.

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Détail du corps du cygne automate de James Cox conservé au Bowes Museum, Angleterre © Bowes Museum

Pour simuler les mouvements gracieux du cygne, le cou contient 24 anneaux en laiton permettant une rigidité latérale et une flexibilité verticale. Un long ressort permet au cou de revenir dans sa position initiale lorsqu’il est au repos et un jeu de poids coulissants permet d’équilibrer et de diriger l’ensemble. Les mouvements du cou, du bec et du poisson pêché sont programmés par un jeu de cames à la base du cou. 

Acheté en 1872 par John et Josephine Bowes, ce cygne suscita la plus vive admiration, notamment celle de Mark Twain. Il est aujourd’hui exposé au Bowe’s Museum en Angleterre où chaque jour à 14h il émerveille les visiteurs.

Détail de la tête du cygne automate de James Cox conservé au Bowes Museum, Angleterre © Bowes Museum

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James Cox qui s’était spécialisé dans l’export de luxe à destination notamment de la Chine et de l’Inde rencontra un tel succès à la présentation du cygne qu’il fut commissionné par une cour davantage versé dans les pirojki que dans le canard laqué. Le Prince Grigory Potemkin (1739 – 1791), amant de la Grande Catherine (1729 – 1762) commandita en effet pour son impératrice d’amante l’automate d’un Paon faisant la roue. Vois plutôt :

L’extraordinaire bestiole est accompagnée d’autres automates dont une chouette et un coq. Le tout fut réalisé en bronze doré et en argent. C’est aujourd’hui un des derniers automates du XVIIIe siècle fonctionnant toujours parfaitement. Si tes pas te mènent un jour en Russie, note que l’automate s’éveille chaque mercredi.

Enfin, voici de très petits et très précieux automates du XVIIIe et du tout début du XIXe siècle. Ces automates régulièrement attribués à Henri Maillardet (1745-circa 1829) qui les exposa au Gothic Hall de Londres, ne sont pourtant pas avérés être de sa main. Cet employé des horlogers Jaquet-Droz à Londres arrondit ses fins de mois en exposant plusieurs pièces somptueuses sans qu’on sache s’il en était véritablement l’inventeur. Ces petites automates d’animaux étaient d’ordinaire réalisés pour l’export, notamment pour les dignitaires de la cour impériale de Chine qui ne s’en lassaient pas.

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Souris de Sibérie, automate attribué à Henri Maillardet, vers 1805. Perles, or et émail. Grandeur nature © Sotheby’s

Il exista ainsi au moins six chenilles éthiopiennes (c’est leur nom), quelques souris sibériennes, un lézard égyptien et une grenouille dont la nationalité nous est malheureusement inconnue, la plupart étant en mains privées. Clique sur les images pour les agrandir. 

Ces merveilles passent rarement sur le marché de l’art et lorsque c’est le cas elles sont, à raison, âprement disputées. Néanmoins, quelques automatiers de génie perpétuent encore la tradition de ces mécanismes de précision alliant l’esthétique à la technique, l’émerveillement à la fascination pour le mouvement. L’œuvre de François Junod (qui est devenu ma nouvelle rock star préférée), est éblouissante et poétique et je ne saurais trop te recommander le reportage réalisé à son sujet sur la RTS.

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Automate d’un cheval, création et collection personnelle de François Junod © François Junod

Depuis l’antique quête de la maîtrise du temps et de l’énergie, l’humain cherche encore aujourd’hui à atteindre la perfection d’un mouvement éternel (de la vie éternelle ?) et donc autonome. Pourtant, la maîtrise et le contrôle sont précisément les moyens utilisés pour parvenir à libérer les créations artificielles de la maîtrise et du contrôle humain. L’Homme peut-il dès lors créer des automates indépendants de sa propre emprise ? Les mythes antiques évoquant l’intervention d’une puissance supérieure pour donner la vie et retirer à son créateur le contrôle sur sa créature semblent en partie répondre à la question. En attendant qu’un tel exploit soit possible, Sarah Connor peut dormir tranquille.  

Remerciements tout particuliers aux automatiers François Junod et Frédéric Vidoni qui m’ont été d’une grande aide pour la compréhension de l’histoire et des mécanismes d’automates ainsi qu’à Virginie Bert du Musée de l’horlogerie et du décolletage pour ses explications limpides des mouvements d’horlogerie !

  • BOULINGUEZ Corinne. De l’océan au phare d’Alexandrie: la conque de Triton. Revue des études anciennes, Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2018, 120 (2), p. 465-488. 
  • CHAPUIS et GÉLIS, Le Monde des Automates, étude historique et technique, Éditions du Griffon, 1928
  • DUCEPPE-LAMARRE François, Le parc du château d'Hesdin. Histoire d'Hesdin, 2013.
  • FRAGAKI Hélène. Automates et statues merveilleuses dans l’Alexandrie antique. In: Journal des savants, 2012, n° pp. 29- 67 
  • HEUDIN Jean-Claude, Les créatures artificielles, des automates aux mondes virtuels, Odile Jacob Sciences, 2008
  • KUGEL Alexis, Un bestiaire mécanique. Horloges à automates de la Renaissance 1580 - 1640. Éditions Monelle Hayot, 2016
  • LEGROS Huguette, De l’étranger à l’étrange ou la conjointure de la merveille - Les automates. Attirance, répulsion de étrange, Senefiance, 25, Aix-en-Provence, CUERMA, 1988
  • POULLE Emmanuel. La mesure du temps et son histoire. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1999, tome 157, livraison 1. pp. 221-229
  • SALET Francis. Le parc d'Hesdin. In: Bulletin Monumental, tome 110, n°3, année 1952. pp. 283-284 
  • SMITH Roger, James Cox’s Silver Swan, Artefact [Online], 4 | 2016, Online since 07 July 2017, connection on 05 May 2019. 
  • SPILLEMAECKER Chantal, Vaucanson & l’homme artificiel, des automates aux robots, Presses universitaires de Grenoble, 2010
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