L’objet d’aujourd’hui nous vient des Chrétiens orthodoxes, il est eco-friendly, il porte le nom marrant de chichilaki et ressemble vaguement à Cousin Machin de la Famille Addams :

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© Mediafacing

Le chichilaki est le sapin de Noël géorgien. Pour les nuls en géo, voici l’emplacement de la Géorgie. À ta décharge, il est vrai que l’éducation nationale fait souvent l’impasse sur ce doux pays.

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© Arte

Cet arbre un peu particulier se trouve dans les régions proches de la Mer Noire. Il est fabriqué à l’occasion de la Saint Basile, fêtée le 2 janvier.

Le chichilaki est confectionné à partir de branches de noisetier ou de noyer récupérées après l’élagage des arbres. Les branches sont d’abord séchées au soleil ou bien près d’un four pendant deux jours.

Une fois séchée, chaque branche est « épluchée » au couteau en prenant soin de ne pas retirer toute la longueur de l’écorce afin que cette dernière demeure maintenue à la branche. Ce travail nécessite beaucoup de patience mais permet de créer une sorte de robe d’écorces, donnant l’illusion d’un arbre. Le chichilaki, d’un écru doux et mœlleux, est ensuite décoré de fruits et de baies.

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© Agenda.ge

Traditionnellement on y suspend des pommes, des grenades et de la garance, trois produits ayant en commun la couleur rouge et dont deux (la pomme et la grenade) sont directement liés à la symbolique chrétienne. D’ailleurs, le chichilaki symbolise aussi l’arbre de vie biblique.

Stand de chichilaki géorgien durant les fêtes. © Pinterest

Étroitement lié à la célébration de la nouvelle année en Géorgie, le chichilaki intègre le rituel Mekvle qui se déroule le matin du 15 janvier, soit le premier jour de l’année de l’ancien calendrier orthodoxe.

En ce fameux matin du premier jour de l’année, chaque famille prépare des friandises (du nougat de noix au miel ou des rouleaux de fruits séchés) et les placent dans un panier avec des œufs frais, des mandarines et des poires (un panier que je trouve personnellement, idéal).

La famille choisit ensuite un de ses membres comme la personne porte-bonheur de l’année à qui l’on confie le panier. On aurait tort de penser que cette distinction est un honneur puisqu’à peine désigné,  l’heureux élu est immédiatement foutu dehors avec le chichilaki et des branches de feuilles encore vertes.

La personne porte-bonheur doit alors se rendre dans chaque partie peuplée de la maison ou de la ferme (poulailler, étable, bergerie) et y déposer une des branches encore verdoyantes. Une fois qu’il a finit de replanter le domaine, le porte-bonheur humain revient à la porte de la maison – toujours avec son chichilaki et son panier – et frappe à la porte. La famille de l’autre côtés de la porte demande par trois fois « Qui est là ? » (parce qu’ils ne sont manifestement pas très malins) ce à quoi l’autre répond « Je suis le makoutchkhouri (ce qui signifie « jambe porte-bonheur »), je vous apporte le bonheur, la santé et la prospérité ». Une fois entré (passant donc la première jambe de l’année dans la maison, d’où la « jambe porte-bonheur »), il déverse sur le sol le contenu de son panier.

La personne porte-bonheur de la famille essaie de rentrer chez elle malgré une distinction gratifiante. © Le Canard du Caucase

Le chichilaki qui accompagne le makoutchkhouri fait de bois de noisetier ou de noyer est porte naturellement une forte symbolique de renaissance puisqu’ils sont associés aux seuls fruits comestibles en hiver. Le panier rempli de friandises symbolise l’abondance. La renaissance et l’abondance entrant les premiers dans la maison au matin du premier jour de l’année, on est en droit d’espérer que cette nouvelle année commence sous les meilleurs auspices ! La tradition de la « première jambe » se retrouve aussi en Écosse et dans le Yorkshire (pas le chien de mamie, le Yorkshire en Angleterre).

Le chichilaki fut injustement interdit durant la période soviétique qui, cela semble évident, n’aimait ni les festivités ni la famille Addams (anachronique oui mais c’est mon article et je fais ce que je veux). Aujourd’hui, la Géorgie a redonné vie à son merveilleux arbre de Noël et l’apprécie d’autant plus qu’il n’endommage pas ses forêts – longtemps maltraitées par l’Union soviétique – et que le pays s’attache à faire renaître.

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