Certains objets de Noël ont une histoire relativement récente. C’est le cas des Bergmannsfigur créés dans le contexte particulier de la fin du XVIIIe siècle.
Dans la région des monts métallifères, en Allemagne et en République Tchèque, entre la Saxe et la Bohême, il fut découvert au Moyen-Âge plusieurs veines d’argent et d’étain. Des mines virent le jour et de nombreux mineurs et leur famille s’installèrent dans ces régions où la demande de main d’œuvre était importante. Parallèlement, se développa un hobby consistant à travailler le bois et sculpter des formes de mineurs et d’anges pour y fixer des bougies. Chaque chandelier ainsi créé pouvait porter deux bougies, une dans chaque main.
Cette tradition artisanale s’installa si bien que l’activité devint un devoir pour le chef de famille qui ne devait pas manquer de réaliser une de ces figurines pour son enfant : un mineur pour les garçons et un ange pour les filles.
En hiver, les travailleurs quittaient leur domicile tôt le matin et ne rentraient chez eux que tard le soir en sortant de la mine. À cette saison, ils ne voyaient donc presque jamais la lumière du jour. Les épouses et les enfants des mineurs prirent alors l’habitude de placer aux fenêtres de leur maison les chandeliers sculptés, éclairant ainsi le chemin de retour des mineurs. Le nombre des chandeliers placés aux fenêtres permettait ainsi de savoir combien d’enfants habitaient chaque maison. Les chandeliers devinrent symboliquement des porteurs de lumières et furent également les « sauveurs » des mineurs lorsque les veines d’argent s’épuisèrent.
Dans les villes de Seiffen, Olbernhau et Neuhausen/Erzgebirge, les mineurs se reconvertirent en artisans du bois et se firent une spécialité des casse-noisettes.
Ces objets bien utiles durant les rudes hivers où, rappelons-le, les fruits à coque étaient un moyen de subsistance non négligeable, furent en effet leur planche de salut. Car en modifiant légèrement les formes des chandeliers, ces derniers se transformèrent rapidement en casse-noisettes.
Plusieurs légendes justifièrent l’adoption de cette nouvelle activité professionnelle. Les casse-noisettes présentaient régulièrement des visages peu avenants aux longues dents acérées. Par ailleurs, les personnages étaient vêtus des costumes de soldats, de collecteurs d’impôts, de nobles, etc. En bref, de tous les gens que les anciens mineurs ne portaient pas particulièrement dans leur cœur. Aujourd’hui ces casse-noisettes sont devenus une production typique de la région, naturellement associée à la période de Noël, période qui demeure toujours la plus sombre et la plus rude de l’année.
Cet objet personnalisable et très symbolique remporta un franc succès. Il est aujourd’hui malheureusement un peu oublié en France. Cependant, ne doute pas qu’il puisse sûrement retrouver un certain succès en ces temps mouvementés… Pour autant, faut-il déloger les symboles d’un mécontentement passé pour les imbriquer dans celui du présent ? À toi de voir.
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