Les automates ne furent pas le privilège de l’Occident. On les compte en grand nombre durant la période Edo (XVIIe - XIXe siècle) alors même que l’archipel s’était volontairement coupé du reste du monde. Contrairement à la pleutre culture occidentale, les Japonais ne craignirent jamais les automates. Une spécificité qui explique aujourd’hui l’acceptation sereine des robots dans la société japonaise qui les considère comme des êtres animés d'une âme. Une conception inimaginable chez nous. 

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Karakuri ningyō « Mojikaki ningyō », automate calligraphe © Histoire et Odyssées

Made in Japan (exclusivement)

Essentiellement fabriqués durant la période Edo (1603 – 1868), les automates japonais sont aujourd’hui considérés comme un trésor national, des artisans vouent leur vie à la reproduction parfaite et à la transmission de ces mécanismes du XVIIIe siècle : les karakuri ningyō. L’exercice est de l’ordre du sacerdoce car il est interdit de changer ou de modifier le moindre détail de ces mécanismes. Aucune liberté artistique n’est permise afin de conserver intact ce trésor culturel. Le terme karakuri désigne les poupées tandis que le signe permettant d’écrire ningyō est formé de deux caractères : « personne » et « forme ». Ton esprit par trop occidental aurait tôt fait de m’interpeller sur le peu de lien avec les automates. Une poupée à forme de personne n’est pas un automate, c’est une poupée. Heureusement, sensible que je suis à la culture japonaise, je peux t’orienter. Il faut lire dans karakuri ningyō l’idée d’une poupée douée d’une forme et d’une persona, à savoir une attitude véritablement capable d’ « agir » comme une personne, il est bien sûr question ici de mouvement et d’intention. Comptons trois grandes catégories de karakuri ningyō comprenant les karakuri utilisées sur les scènes de théâtre (butai karakuri), celles utilisés pendant les festivals religieux (matsuri ou dashi karakuri) et celles « domestiques » qui furent le divertissement des classes aisées de la période Edo, les zashiki karakuri. Ces dernières seront le sujet de cet article. 

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Dashi Karakuri © Histoire et Odyssées

Pour les chanceux qui se rendront au Japon, certaines dashi karakuri sont toujours en usage et promenées lors de festivals, un fois par an. Le festival d’Inuyama dans la préfecture d’Aichi, le festival Takayama Matsuri dans la préfecture de Gifu ou la ville Nagoya sont des lieux privilégiés pour assister à ce spectacle. Si tu y vas sur mes recommandations, je te prierai de m’envoyer une carte postale, tu me dois bien ça. 

La période Edo vit le shôgunat des Tokugawa prendre le pouvoir et tenir d’une main de fer le pays pendant plus de 200 ans. Dès la fin du XVIe siècle, des mesures répressives furent déployées contre les missionnaires catholiques qui n’eurent jamais le bon goût d’accepter qu’on puisse penser d’une autre manière que la leur. Or les Japonais n’entendaient pas voir remodeler leur culture traditionnelle par un type crucifié en paréo. Aussi pour des raisons politiques, ces missionnaires (qui selon leur obédience ne se supportaient pas les uns les autres, ce qui n’était déjà pas bon pour la com de Jésus) irritèrent et inquiétèrent le shōgun Tokugawa Ieyasu (1543 – 1616) qui entrepris de mettre tout ce beau monde dehors à grand coups de pompes dans le derrière suivi d’un même élan par son fils Hidetada (1579 – 1632) puis son petit fils Iemitsu (1604 – 1651). Dès 1640 tout ce qui était nanban-jin (barbares du sud, doux surnom donné aux Européens) se voyait systématiquement refusé l’entrée dans l’archipel délicat, favorisant l’ascension de la bourgeoisie urbaine nippone. Seuls les Hollandais étaient autorisés à demeurer strictement dans la rade de Nagasaki. Ce port fut jusqu’au XIXe siècle la seule fenêtre ouverte sur le monde, une fenêtre étroitement surveillée mais par laquelle passèrent quelques échos des avancées technologiques mondiales. Bien sûr, le Japon n’avait pas attendu le XVIIe ou le XVIIIe siècle pour développer des technologies similaires à celles existantes en Occident. En matière d’automates, le Konjaku monogatari shū (receuils de textes du XIe siècle) rapporte qu’un jour, le prince Kaya (794 – 871) craignit qu’une sécheresse ne mit ses rizières en péril. Il construisit alors une karakuri tenant une cruche. En remplissant la cruche d’eau, la karakuri se mettait en mouvement, soulevant la cruche et se la renversant sur la tête. Les paysans fascinés par cette prouesse ne cessaient de remplir la cruche et l’eau régulièrement renversée s’écoulait aux pieds de la karakuri irriguant ainsi la rizière et sauvant la récolte. 

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Karakuri ningyō, automate japonais au serveur de thé par Tamaya Shobei IX. D’après le livre illustrée Karakuri zui (1796), redécouvert par Tamaya Shobei VII dans les années 1960. Japon, 2005. Conservé au British Museum de Londres © The Trustees of the British Museum

Les Karakuri ningyō, « parmi les personnes »

Les marionnettes et poupées (ningyō) ont une longue histoire au Japon et sont chargées d’une symbolique bien plus sensible et importante que dans nos pays occidentaux où l’évocation de marionnettes renvoie immédiatement à un Guignol exalté, prêt à en découdre avec une pelle du moment qu’il peut taper dessus. Au Japon en revanche, les poupées furent longtemps le centre d’une utilisation rituelle, leur matériau de fabrication et leur forme étant des vecteurs d’échanges entre les humains et les forces spirituelles. Ces poupées étaient et sont toujours entièrement fabriquées en bois sans clou ni vis – caractéristique majeure des karakuri ningyō – et leur forme est humaine. Le terme humain en japonais étant ningen, que l’on écrit avec les caractères signifiant « personne » et « parmi », il faut donc comprendre un humain comme étant nécessairement un être « parmi les personnes ». Une karakuri ningyō hérite naturellement de cette caractéristique d’être elle aussi « parmi les personnes ». 

Or le choix du bois pour ces figurines humaines était de la première importance car ce matériau faisait d’elles des refuges tout trouvés pour les forces spirituelles du shintō et du bouddhisme japonais (la précision est importante car le bouddhisme japonais n’est pas identique à celui de l’Inde ou de la Chine). Les adeptes shintoïstes et bouddhistes japonais sont d’une bien plus grande humilité que les croyants des religions monothéistes et ne croient pas que l’humain soit un être plus spécial que les autres vies et éléments formant et peuplant l’univers. Pour ces adeptes, toute vie et toute chose est habitée d’esprits (les kami), ce que nous, pauvres nanban-jin que nous sommes, traduirions maladroitement par « âme ». Les arbres en particulier (et donc le bois) sont dans ces pensées nippones les refuges privilégiés de ces kami, raison pour laquelle les temples shintō sont très souvent construits dans des forêts, forêts qui sont au Japon l’objet d’un respect et d’une protection zélée. La longévité, la force et la grandeur des arbres furent également des symboles forts venant renforcer la puissance des temples shintō….entièrement construits en bois, sans aucun clou ni vis. Car si les arbres abritent des kami alors leur bois les abrite aussi. Aucune autre matière ne doit venir troubler les kamis, au risque de les voir quitter les lieux. Marionnettes, poupées (ningyō) et surtout karakuri ningyō ont ainsi conservé les mêmes caractéristiques de fabrication que celles des temples afin que la présence des esprits, les kami, rendent d’autant plus forte l’égalité entre ningen (humain) et ningyō (terme qui, souviens-toi, se traduit littéralement par « forme humaine »). Ainsi les ningyō, sont légitimement « parmi les personnes » (définition de l’humain ningen, merci de suivre). 

Dès lors, il est aisé de comprendre que les karakuri ningyō et surtout des zashiki karakuri (les karakuri « domestiques ») du XVIIIe siècle au Japon aient pris l’aspect de personnages dont les mécanismes de bois étaient volontairement et soigneusement cachés aux yeux du public, à la différence des automates de Vaucanson ou de Jaquet-Droz dont on montrait volontiers les rouages. Dans le Japon de la période Edo, personne excepté son créateur, n’était autorisé à regarder l’intérieur du mécanisme. On ne dissèque pas ses amis pour savoir s’ils sont bien vivants ; au Japon ce principe s’applique aussi aux karakuri ningyō.

Fabrication et caractéristiques 

Selon les pièces nécessaires au fonctionnement des karakuri ningyō les Japonais utilisent différentes essences de bois qui ne sont pas toutes travaillées au même moment de l’année afin de préserver autant que possible le matériau de l’humidité. Parfois, une essence de bois propre uniquement à une région permet d’identifier la provenance d’une karakuri ningyō. Une constante néanmoins se retrouve partout : les pièces des engrenages sont toujours sculptées dans du bois de fil (sens des fibres du bois) et jamais dans du bois de bout (tranche coupée perpendiculairement au bois) pour garantir une résistance égale de tous les mécanismes. Et puisque les Japonais aiment et prennent soin de la nature, l’idée même d’obsolescence programmée dans le domaine des poupées automates serait sinon saugrenue du moins parfaitement stupide. Chaque réalisation est conçue pour pouvoir être entretenue et facilement réparable si besoin. 

La garantie de bon fonctionnement des karakuri ningyō en bois du célèbre automatier japonais Tamaya Shobei IX (né en 1954) s’étire sur… 200 ans. 

L’automatier japonais Tamaya Shobei IX ajustant une karakuri Mojikaki ningyō © Guide Michelin

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Une des plus envoûtantes caractéristiques des karakuri ningyō se découvre en observant attentivement leur visage. La tradition européenne des automates androïdes ou animaux vise à la similitude la plus parfaite possible avec le fonctionnement du corps humain. Les automates de Jaquet-Droz, par exemple, clignaient des yeux, leur torse de soulevait pour imiter la respiration, plus tard, les lèvres et la bouche s’animèrent. La tradition japonaise entend quant à elle transmettre les émotions profondes et universelles d’un visage humain grâce au seul jeu d’ombres et de lumières sur un visage modelé bougeant très légèrement. Prouesse admirable ! L’un est le tout : un seul visage pour l’expression d’une palette d’émotions.

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Les automatiers japonais contemporains insistent sur le grand nombre d’années nécessaire avant de maîtriser l’art subtil de la sculpture des visages des karakuri ningyō. Ce visage si particulier et si vivant s’accompagne nécessairement d’une perfection des attitudes et des mouvements du corps, sans quoi l’illusion serait faussée. 

Certainement, Hosokawa Hanzo Yorinao (actif durant la seconde moitié du XVIIIe siècle) étudia longuement les mouvements de chacun de ses automates avant d’en proposer une anthologie riche et détaillée en 1796. C’est aujourd’hui sur ce document du XVIIIe siècle que s’appuient les automatiers japonais contemporains, reproduisant sans cesse et sans rien y changer, les mécanismes anciens.

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Page de l’anthologie sur les karakuri ningyō écrite par Hosokawa Hanzo Yorinao. Japon, 1796 © The Trustees of the British Museum

Les zashiki karakuri, variantes des karakuri ningyō, sont entièrement fabriquées en bois, sans clou ni vis comme je te l’ai expliqué plus haut. Il serait légitime que tu t’interroges sur la source d’énergie capable de mouvoir ces mécanismes sans qu’on ait à utiliser de métal.

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Détail du mécanisme d’une Chahakobi ningyō, automate de serveuse de thé. Un ressort en os entraîne trois engrenages en bois © Auction Team Breker

Sache donc que le ressort était fabriqué à partir d’un fanon de baleine. Aujourd’hui, quelques adaptations semblent avoir autorisé l’utilisation d’autres matériaux plus communs pour épargner les cétacés. Pour les autres genres de karakuri ningyō, les Japonais employèrent l’énergie hydraulique, thermique et parfois l’écoulement de sable. 

L’automate de la serveuse de thé est traditionnellement équipé d’un mécanisme à ressort permettant de jauger l’énergie nécessaire pour parcourir la distance qui sépare la Chahakobi ningyō de son invité. En fonction de cette distance, l’hôte adapte l’énergie déployée afin que l’automate s’arrête suffisamment près pour servir et faire demi tour une fois la tasse vide reposée sur le plateau. 

L’automate de la serveuse de thé, Chahakobi ningyō, est un des plus anciens et un des karakuri ningyō les plus charmants.  La bourgeoisie marchande en commanda beaucoup, prenant plaisir à séduire ses clients grâce à ces mystérieux serveurs, dont certains étaient capables de saluer de la tête après que la tasse ait été servie.

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Plus connue encore, l’œuvre de Hisashige Tanaka (1799 – 1881) est une des plus remarquables. Considéré comme le Thomas Edison japonais, Tanaka de son prénom (en japonais le nom vient en premier) montra dès sa jeunesse un talent véritable pour la conception et la construction de  karakuri ningyō et surtout des zashiki karakuri, fournissant les aristocrates d’Edo devenue Tokyo au début de l’ère Meiji. Plus tard, l’inventeur conçut locomotives, bateaux, armements ou télégraphes, travaux qui firent sa célébrité. Certains de ses automates sont toujours fidèlement reproduits aujourd’hui tels le Yumi-hiki doji (le jeune archer) :

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Karakuri ningyō « Yumiri Doji », automate archer © Histoire et Odyssées

ou la Mojikaki Ningyō, la calligraphe :

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Karakuri ningyō, automate calligraphe de Hisashige Tanaka © Étienne Meyer-Vacherand

Le XVIIIe siècle européen s’évertua à concevoir des mécanismes capables d’imiter le plus fidèlement possible les fonctions d’un corps humain ou animal, guidé par une volonté et un objectif scientifique qui s’opposaient dangereusement à l’interdiction tabou de créer la vie, d’outrepasser les limites posées par le ou les dieux. À la même époque au Japon, la mécanique et les avancées technologiques étaient bien loin de ces préoccupations incompréhensibles aux yeux nippons sensibles à l’abstrait et au yûgen, le délicat concept de sentiment de beauté subtile, de profondeur mystérieuse du monde. Le yûgen dont je t’ai déjà parlé dans l’histoire des lanternes japonaises est ce sentiment que l’on ressent sans pouvoir le formuler, c’est le pressentiment d’une perception qui demeure dans l’ombre. Il s’applique parfaitement ici aux karakuri ningyō. Cette émotion insaisissable mêlant le mystère à la sérénité infuse dans bien des replis de la culture japonaise et, dans le domaine qui nous concerne, s’associa avec les croyances shintōs et bouddhistes pour réserver aux robots un accueil bien différent de celui que Sarah Connor offrit au tout premier Terminator. 

Acceptation naturelle des robots

Aujourd’hui, le Japon n’est donc pas le pays des robots sans raison. Il s’agit bien d’une disposition culturelle plus favorable que celle de nos pays occidentaux, profondément marqués que nous sommes par les tabous judéo-chrétiens du Décalogue défendant l’humain de créer la vie à partir d’une matière inerte. La pensée japonaise ne considérant aucune matière inerte (souviens-toi des kamis), la vie en émane d’autant plus facilement sans jamais créer d’intolérance et encore moins de hiérarchie. La culture manga est très imprégnée de cette philosophie, Astro, le petit robot du célèbre mangaka Osamu Tesuka (1928 – 1989) en est la meilleure incarnation puisqu’il illustre une société dans laquelle cohabitent humains et robots, Astro étant d’ailleurs élevé au sein d’une famille humaine ! Dans ce manga, Astro combat régulièrement d’autres robots « devenus fous » et s’érige donc comme défenseur de l’humanité et comme « normalité » robotique. La société japonaise considère les robots avant tout comme des sauveurs et des alliés précieux aux humains. 

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Osamu Tezuka, Astro Boy, Tome 6 © Bubble

Pour terminer, je t’invite à constater le gouffre qui nous sépare de la pensée japonaise en matière d’automates et de robots. Sony créa en 1999 AIBO, le premier robot-chien de compagnie. Depuis, il fut sans cesse perfectionner et, pour te donner un ordre d’idée, son succès au Japon est équivalent à celui du fromage en France. Les 3000 premiers AIBO vendus au Japon le furent en l’espace de… 20 minutes.

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Hajime Sorayama, Sony Corporation, Tokyo, Aibo entertainement robot (ERS-110), 1999 © MoMA

De plus en plus perfectionnés, ils furent dès l’origine capables de se déplacer, de reconnaître leur environnement, certaines commandes vocales et d’élaborer une personnalité propre. La dernière génération a récemment été équipée d’intelligence artificielle qui permet à AIBO de se créer un caractère unique en fonction de stimuli extérieurs, de la fréquentation d’autres AIBO, du comportement et de l’attention que lui accorde son propriétaire, tout comme un vrai toutou ! Les premières générations des chiens AIBO furent si bien accueillies par les foyers japonais (qui en avaient les moyens, la bestiole n’était et n’est toujours pas donnée) que lorsque le robot vint à ne plus fonctionner, les propriétaires furent aussi dévastés que si le chien mécanique et électronique avait été animal. À tel point que des cérémonies religieuses furent organisées (et le sont toujours) pour rendre hommage à son AIBO et pour lui offrir des prières qui l’accompagneront pendant son recyclage.

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Service funéraire bouddhiste pour des robots chiens AIBO © National Geographic

La plupart des personnes à qui j’ai parlé de ces cérémonies ont trouvé ça ridicule ou bizarre ; je trouve ça touchant. Ne s’attache-t-on pas à son animal de compagnie ? Pourquoi serait-il davantage ridicule de s’attacher à un animal qu’à un robot avec lequel on créé de l’interaction ?

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Nouvelle génération du robot Aibo en 2019 © Designboom

La question de l’humanité et de la vie est ici au centre des débats. La notion occidentale d’humanité, écrasante de prétention, ne serait-elle pas à revoir ? J’ai un bon argument (qui m’est tout à fait personnel) allant dans ce sens : as-tu déjà remarquer que lorsque quelque chose était qualifié « d’inhumain », on désignait en réalité quelque chose de justement et typiquement humain ? La preuve en est qu’on ne dit jamais d’un animal qu’il est inhumain – ce qui serait pourtant logique – car cette réflexion serait rapidement jugée stupide et personne n’aime être stupide. Seul un humain peut faire preuve d’inhumanité car il sort des critères que l’on considère comme étant ceux de « l’humanité ». Pourtant, l’humain « inhumain » ne change pas d’espèce, il demeure humain ; l’humain est donc par essence inhumain. Dans ce cas, quels sont les critères définissant l’humain en tant qu’espèce biologique ? Si l’on extrait les questions morales puisqu’elles démontrent par leur existence même que l’humain est seul capable d’inhumanité, que reste-t-il ? Les critères restants ne sont-ils pas applicables au non-humain également doué de vie ?

Sur cette réflexion toute personnelle, je terminerai ainsi cette suite d’articles sur l’histoire des automates et sur les questions philosophiques qu’ils soulèvent quant à ce qu’on considère être ou pas « en vie », des considérations bien différentes selon la culture dans laquelle on a grandi…

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Hisashige Tanaka, Chahakobi ningyō, automate de serveurs de thé © Toshiba Science Museum
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